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La ZLECAf : un levier pour dynamiser le commerce intra-africain
La Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAf) est un projet ambitieux lancé par l’Union Africaine en 2018 et entré en vigueur en janvier 2021. Elle vise à créer un marché unique africain en supprimant progressivement les barrières tarifaires et non tarifaires pour stimuler le commerce intra-africain. Avec 54 pays signataires sur 55, la ZLECAf représente une opportunité historique pour renforcer l’intégration économique du continent et favoriser la croissance des échanges commerciaux entre les nations africaines.
Selon la Banque Africaine de Développement (BAD), le commerce intra-africain ne représentait en 2019 que 16 % du commerce total du continent, contre environ 59 % en Asie et 68 % en Europe. La mise en œuvre effective de la ZLECAf pourrait accroître ce taux de manière significative, avec à la clé une augmentation du PIB africain estimée à 450 milliards de dollars d’ici 2035, selon la Banque Mondiale.
Les opportunités offertes par la ZLECAf
L’adoption de la ZLECAf présente plusieurs opportunités majeures pour les économies africaines. Elle permet notamment de :
- Réduire les barrières commerciales : La suppression des droits de douane sur 90 % des produits devrait faciliter l’écoulement des biens à travers les frontières africaines.
- Renforcer le marché intérieur africain : En intégrant les économies locales dans un marché unique de 1,3 milliard de consommateurs, les entreprises africaines pourront mieux valoriser leurs produits et leurs services.
- Stimuler l’industrialisation et la diversification des économies : En favorisant un accès élargi aux matières premières et aux produits intermédiaires, la ZLECAf peut inciter les pays africains à développer des industries locales plus compétitives.
- Créer des emplois et stimuler la croissance économique : L’augmentation des échanges commerciaux devrait se traduire par une expansion des entreprises locales et une hausse des opportunités d’emplois sur le continent.
- Favoriser les investissements étrangers : Un marché plus intégré et plus large attirera davantage d’investissements étrangers, notamment dans les infrastructures logistiques, manufacturières et numériques.
Les défis à surmonter pour une mise en œuvre efficace
Malgré son potentiel indéniable, la ZLECAf doit faire face à plusieurs défis structurels et institutionnels :
- Les infrastructures de transport et de logistique insuffisantes : Les routes, ports et chemins de fer sont encore sous-développés dans de nombreuses régions, ce qui limite la fluidité des échanges.
- Les barrières non tarifaires persistantes : Outre les droits de douane, d’autres obstacles comme les normes douanières complexes et les restrictions réglementaires freinent la libre circulation des marchandises.
- La diversité des monnaies et l’absence d’intégration financière : L’absence d’une monnaie commune ou de mécanismes de paiement harmonisés rend les transactions interétatiques coûteuses et complexes.
- Le manque d’information commerciale : De nombreuses entreprises africaines manquent d’informations sur les opportunités d’exportation disponibles dans d’autres pays du continent.
- Les tensions politiques et les instabilités régionales : Les conflits armés et l’instabilité politique dans certaines régions sont des facteurs qui entravent l’intégration économique.
Le rôle des États et des institutions dans la réussite de la ZLECAf
Pour lever ces obstacles et assurer le succès de la ZLECAf, les gouvernements africains et les institutions régionales doivent mettre en place des politiques cohérentes et des mécanismes de suivi efficaces. Plusieurs actions peuvent être entreprises :
- Investir massivement dans les infrastructures : Le développement des routes, des voies ferrées et des ports économiques est essentiel pour fluidifier le commerce intra-africain.
- Harmoniser les réglementations commerciales : La simplification et l’homogénéisation des réglementations douanières et fiscales favoriseront une meilleure intégration des marchés.
- Encourager les paiements électroniques et la digitalisation du commerce : La mise en place d’un système de paiement panafricain permettrait de réduire les coûts liés aux transactions transfrontalières.
- Renforcer les capacités des entreprises locales : Sensibiliser et former les PME aux nouvelles opportunités offertes par la ZLECAf est une nécessité pour assurer leur compétitivité.
- Assurer la stabilité politique et la sécurité des échanges : Une coopération étroite entre les États en matière de sécurité et de gouvernance est essentielle pour protéger les routes commerciales et les investissements.
Perspectives économiques et commerciales pour l’Afrique
Si la mise en œuvre de la ZLECAf est complétée par des réformes structurelles adaptées, elle pourrait transformer l’Afrique en un pôle économique dynamique. L’accroissement du commerce intra-africain permettra aux pays du continent de réduire leur dépendance aux exportations de matières premières et de diversifier leurs économies.
D’après une étude de la Commission Économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), l’intégration économique régionale pourrait faire grimper le commerce intra-africain de près de 52 % d’ici 2040. De plus, l’industrialisation encouragée par la libéralisation des échanges devrait engendrer une hausse de la production locale et une augmentation de la valeur ajoutée des produits fabriqués sur le continent.
En mettant en place des stratégies adéquates pour surmonter les défis, les pays africains pourront tirer pleinement parti des avantages de la ZLECAf, renforcer leur résilience économique et s’inscrire dans une dynamique de croissance durable.
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